

L'auteur nous plonge avec bonheur dans la vie paysanne et féodale du Maine et de l'Anjou au début du XVem siècle pendant la guerre de succession de Bretagne et la guerre de 116 ans.
Extrait du chapitre 1 :
Souvenirs
Le sergent des gardes Ovilon arriva, entre chien et loup, au châtelet d'entrée de Champtocé, cette vaste forteresse en bord de Loire. L'une des nombreuses places fortes des Laval-Rais. Guy II, le seigneur de cette contrée et seigneurie, était parti dans le Sud prêter main forte à son vassal de La Benate menacé par les Godons. En son absence, son parent et féal Geoffrey était venu commander ce puissant château aux neufs tours et veiller sur les terres, les gens et les biens près du fleuve.
En ce temps, les seigneurs se déplaçaient avec une partie de leur mesmie, humains et mobilier. À l’instar de certains combattants de la foi qui étaient partis pour Jérusalem lors de la deuxième croisade avec armes et bagages... pour tous, soit la quasi totalité de leurs maisons : femmes, enfants parfois, et serviteurs, pour un très lent périple. À l’image de Louis VII accompagné d’Aliénor, sa petite cour de nobles Dames et leurs suivantes autour desquelles les chevaliers, qui avaient abandonné leur femme en châtellenie, tournaient comme des mouches. Comme s'ils n'étaient pas pressés d'en découdre avec les infidèles. « Commencez, les renforts arrivent ! » Ou comme s’ils étaient certains, protégés par la Vierge, de conquérir un territoire et de s’y installer.
Geoffrey était accompagné plus modestement de dix cavaliers et de leur sergent Ovilon, de son ami Jehan de la Mettrie le philosophe, de sa concubine Swanhilda (la mère cachée de son héritier Pierrick), de quatre valets et servantes. Ce n'était qu'à trois journées de marche.
Son beau-père, le vieux Robert d'Ernée, et sa fille Julia, son épouse, bréhaigne, veillaient et gardaient avec quelques hommes d'armes son château de la Gravelle et son bourg monastique, sis entre Laval et Vitré, à vingt lieues au Nord. Une contrée assez paisible alors. Une nourrice ''la Guillaumée'' maternait, là-bas, Pierrick l'héritier et ses propres bambins Pirole et Toinon.